Si vous avez déjà côtoyé des japonais, vous avez du remarquer certaines de leurs particularités. Des bizarreries, comme leurs différences de comportement, leurs habitudes et leur langage corporel. Il y a une autre particularité qui est très intéressante : les superstitions. Elles sont fortement intégrées dans la société japonaise, flirtant même avec la religion. Beaucoup ont été développées à partir d'événements historiques, beaucoup sont issues de jeux de mots, et quelques-unes sont importées de cultures extérieures. Beaucoup ne sont que des superstitions pures et simples, tandis que d'autres sont censées être données comme des conseils ou des leçons, un peu comme les fables fictives de l'Occident.
Avec cet article, risquons nous parmi les superstitions japonaises parfois effrayantes.
Dans les cultures occidentales, le chiffre 13 est considéré comme apportant la malchance. Au Japon, il y a quelques nombres qui sont considérés de la même façon. Pourquoi ? C'est principalement dû à leur prononciation proche d'autres mots défavorables. Le nombre 4 peut être prononcé comme “shi”, qui est le même mot que pour désigner la mort. Il existe quelques variantes du chiffre 4 qui sont également considérées comme "mauvaises" pour les japonais. Le chiffre 24 peut être lu comme “nishi”, qui se traduit par “double mort”. Quarante-deux ou “shini” se traduit également par la mort. Quarante-trois, ou “shisan” sonne comme “shizan” ou “mort-né”. Et le numéro préféré de tous, 420, ou “shinirei” sonne comme “shinrei” ou “esprit mort”.
Le chiffre 9 est également considéré comme mauvais, car sa prononciation “ku” peut aussi signifier “douleur” et “souffrance” dans la langue japonaise. En raison des associations malheureuses entre les chiffres et les mots de la mort, les étages ou les pièces des bâtiments comportant ces chiffres n'existent tout simplement pas. De nombreux bâtiments n'ont tout simplement pas d'étage portant le numéro 4. Dans les hôpitaux, les étages et les chambres portant les numéros susmentionnés n'existent pas. Même dans la mode nippone, les chiffres apparaissant sur les vêtements ne contiennent pas de 4 ou de 9, comme on peut le voir sur ce tee-shirt japonais.
Il est également considéré comme mauvais d'offrir des ensembles de cadeaux portant le numéro 4, comme par exemple des ensembles de vaisselle pour la salle à manger comportant quatre pièces. La bonne étiquette consiste à donner des ensembles de 3 ou 5. Il y a aussi des âges qui sont considérés comme de la malchance. Pour les hommes, ce sont les âges de 25 et 42 ans, tandis que pour les femmes, ce sont les âges de 19 et 33 ans. Si vous avez l'intention d'atteindre ces âges dans un avenir proche, il est préférable de verser une somme d'argent pour la protection du temple et des sanctuaires nippons, et de faire des provisions de charmes !
Beaucoup de superstitions japonaises ont tendance à se préoccuper de la mort. Ce n'est pas rare. En Occident, il y a la superstition de passer sous une échelle, d'ouvrir un parapluie à l'intérieur ou de croiser un chat noir. La chance ou malchance au pays du soleil levant dépend bien souvent d’un, présage de mort ou bien d’offrandes aux divinités pour les croyants. Même la mode tente de vous porter chance, comme le prouve ce t-shirt nippon.
Au delà de cela, les pratiques religieuses sont très présentes dans la vie au Japon, les temples bouddhistes (bouddhisme zen), mais aussi ceux du shintoïsme et des croyances associées comptent toujours plus de pratiquants. La religion au Japon est omniprésente, même de nos jours. La vénération des ancêtres, la peur des démons et le culte d’une divinité sont autant d'éléments qui font redouter la mort aux japonais, peu importe leurs pratiques religieuses. Rien d’étonnant donc à ce que beaucoup de leurs superstitions tournent autour de la mort et des défunts. Voici les prises de position des Japonais sur les superstitions de la mort.
En jetant du sel sur votre épaule, vous vous débarrassez de la mort et des mauvais esprits. C’est une coutume que l’on retrouve dans plusieurs culture dans des contextes différents. Au Japon, son importance est liée aux enterrements et elle est primordiale. Que ce soit dans les prédictions de l’astrologie, dans des illustrations paranormales ou encore dans des rites religieux (de plusieurs religions), le sel est largement représenté comme ayant des vertus purificatrices.
Les défunts sont enterrés avec la tête tournée vers le nord. Ce faisant, on laisse entendre que la vie sera courte. Encore une fois, cette superstition prend racine chez les défunts. En vous comportant comme eux (la tête au Nord) vous êtes censés finir comme eux. Cette pratique serait de mauvais augure, elle fait partie de celles qui portent malheur au plus haut point, surtout pour une personne superstitieuse et pourquoi pas adepte de sorcellerie.
La consommation des deux aliments au cours de la même séance entraînera la mort. Drôle d’idée n’est-ce pas ? Les japonais eux-même ne savent pas expliquer cette superstition, et les sources d’information sur le sujet se font rares, mais cette croyance est très citée, et bien présente au Japon, ne tentez pas le diable !
L'utilisation de l'encre rouge suggère que la vie de la personne sera bientôt écourtée. L'origine provient des pierres tombales. Lorsque la pierre tombale est fabriquée, les noms des deux époux sont gravés même si l'un d'eux est encore en vie. La raison principale est de faire des économies. Afin de distinguer que la personne est toujours vivante, le nom gravé est peint en rouge. Une fois qu'ils sont décédés, la peinture rouge est enlevée.
Que ce soit dans du riz ou dans tout autre nourriture, ne plantez surtout pas vos baguettes à la verticale à l’intérieur. Cela ne se fait que lors des funérailles japonaises, à l'autel du défunt. Il serait de très mauvais goût de le reproduire hors de ce contexte et même, cela apporterait la malchance sur vous.
Au Japon, il convient de ne jamais se faire passer de la nourriture directement entre les baguettes. La même action est effectuée lors des cérémonies funéraires où le défunt est incinéré et où ses os sont transférés dans l'urne. Si vous voulez partager votre nourriture, déposez-en dans l’assiette de votre ami, ou inversement.
À l'origine, cette superstition avait pour but d'empêcher les enfants de se blesser en se coupant les ongles la nuit, à l'époque de la période Edo. La superstition fait maintenant référence à la mort avant les parents, ou à la mort précoce, si l'on se coupe les ongles la nuit. Cette croyance japonaise vient du jeu de mots du dicton : “yoru ni tsume wo kiru to hayaji ni suru” qui peut se traduire par "coupe tes ongles le soir, et la mort prématurée arrive". La partie, “yoru ni tsume wo” ou les noms “soir” et “ongles”, sonne comme “yo wo tsumeru”, qui se traduit par "couper sa vie". De même, si vous sifflez la nuit, vous attirerez à vous les serpents !
À la fin des années 1800, un médecin japonais a fait des "recherches" sur la façon dont les groupes sanguins sont liés à la personnalité et au caractère d'une personne. Il a publié ces informations, et les japonais, qui sont des gens très affectés par la spiritualité et les prédictions, avec leurs superstitions et leur divination, les ont dévorées. Même si la corrélation n'a pas été scientifiquement étayée, une nouvelle industrie est née. Ce masque anti-pollution montre l’importance de la représentation du sang, même de manière édulcorée. Désormais, vous pouvez obtenir vos prévisions de fortune en fonction de votre groupe sanguin tous les jours en regardant le journal télévisé du matin ou en lisant le quotidien. Si on vous annonce de la malchance, autant vous dire que vous ne pouvez rien faire pour y échapper !
En Occident, nous avons beaucoup de superstitions, comme le miroir brisé, croiser les doigts, la patte de lapin devant porter bonheur, les chats noirs, le trèfle à quatre feuilles, toucher du bois, le fer-à-cheval, le chiffre treize et bien d’autres. Le Japon semble cependant plus riche de ces actes superstitieux. Les démons par exemple - comme représentés sur ce kimono cardigan - sont très craints. Il y a certainement beaucoup d'autres superstitions nippones qui n’ont pas été énoncées dans cet article. En voici quelques autres qui vous intéresseront sûrement.
Si jamais un mendiant se présente à votre porte, cela porte malheur de ne pas saler votre entrée. Si vous ne le faites pas, votre ménage sera confronté à des difficultés financières. On retrouve ici l’importance du sel et de ses supposées vertus purgatives, comme pour les enterrements. Ce rite (peut être irrationnel lui aussi) peut aussi s’expliquer par la peur de l’échec social des personnes japonaises. Si un rituel paranormal peut les en protéger - ou du moins s’ils le croient - il devient un culte.
Vous vous transformerez en vache si vous le faites. Le dicton japonais suggère que vous deviendrez paresseux. Mais en réalité, qu'y a-t-il de mal à vivre la vie d'une vache Wagyu ? Vous pouvez regarder la télévision, vous faire masser et boire toute la bière que vous voulez. Mais en réalité, cette croyance effraie les japonais qui s’appliquent à la respecter.
Quand vous étiez petit, avez-vous déjà évité de marcher sur le ciment entre les briques ou le carrelage ? Si oui, il est temps de mettre cette compétence à profit ! Marcher sur les bords en tissu des tatamis est considéré comme de la malchance. Faites attention à là où vous mettez les pieds !
Alors que l’on promet 7 ans de malheur aux Occidentaux brisant un miroir, les japonais prieront que les dieux vous aident si vous cassez votre peigne ou vos sandales. Mais comme dans toute culture (surtout les cultures asiatiques), il y aura beaucoup d’autres objets concernés. Ces croyances peuvent sembler irrationnelles, mais être superstitieux est quelque chose que l’on ne choisit pas dans la culture nippone. Le mauvais présage apporté par le fait de briser un de ces objets va au delà d’une croyance religieuse : c’est un réel symbole.
Que pouvez-vous faire si vous êtes confronté à la malchance ? Peut-être vous êtes-vous senti comme un rebelle et avez-vous mangé le melon et l'anguille ensemble ? Maintenant, vous regrettez de l'avoir fait ? Tout comme vous pouvez payer les Yakuza pour leur protection, vous pouvez aussi utiliser vos yens pour acheter une protection afin de parer au mauvais sort et de vous porter chance. Les temples et les sanctuaires vendent des porte-bonheur ou des omamori pour tout problème actuel ou futur. En achetant ces porte-bonheurs et en les emportant avec vous, vous vous protégez contre les problèmes pour lesquels les omamori ont été conçus. Quelques formes populaires d'omamori :
Assurez-vous de faire des provisions chaque fois que vous visitez le Japon ! Qui sait combien de superstitions vous briserez sans le savoir !
De Tokyo à Kyoto, la culture japonaise et son folklore ne manquent ni de croyances religieuses ni de traditions superstitieuses. Ces croyances sont manifestement très ancrées et donnent naissance à des rites très sérieux destinés à chasser les mauvais esprits et à conjurer le mauvais sort. Parfois vus comme de la sorcellerie, ces rituels tiennent une place très importante dans la civilisation japonaise, même moderne. Pensez à purifier tout ce qui peut l’être pour votre prochain voyage au Japon !