La nouvelle année est un événement important dans bien des cultures. Pour de nombreux non-Japonais, en particulier les nouveaux arrivants au Japon, beaucoup de coutumes et de traditions du Nouvel An japonais peuvent sembler difficiles à comprendre. Le Nouvel An ou Oshogatsu est la période de vacances la plus importante au Japon pour les familles et elle est riche en traditions. Si vous avez la chance d'être invité par vos amis japonais à les rejoindre, vous vivrez des expériences intéressantes.
Voici donc un article pour vous faire découvrir les traditions du Nouvel An au Japon.
Omisoka est l'expression japonaise pour la veille du Nouvel An (le réveillon du jour de l’an). Afin de commencer la nouvelle année avec un esprit frais, les familles et les enfants se réunissent pour nettoyer toute la maison (appelée osoji, c’est une tradition qui consiste en un grand nettoyage) et profitent des derniers jours de l'année pour préparer l'osechi ryori (plat traditionnel du Nouvel An), les décorations spéciales et les rituels du Nouvel An.
Comme de nombreuses personnes retournent dans leur ville natale pendant cette période, il pourrait être intéressant pour vous de voir le Tokyo habituellement très occupé et très animé devenir soudainement si calme et vide. Pendant les festivités, lorsque la nouvelle année débute, la ville change de visage.
Vers minuit la veille du Nouvel An, vous pouvez entendre les cloches sonner dans le ciel tranquille de façon monotone pendant environ 1 à 2 heures. Cette tradition bouddhiste est appelée Joya no Kane, et c'est l'un des rituels les plus importants de l'année pour les temples bouddhistes de tout le Japon. Peu importe où vous vous trouvez, vous pouvez probablement entendre le son des cloches des temples dans de nombreux quartiers, où le kimono traditionnel peut alors être largement arboré. Mais savez-vous pourquoi ils frappent la cloche exactement 108 fois ?
Dans le bouddhisme, on croit que les êtres humains sont affligés par 108 types de désirs et de sentiments terrestres appelés Bonnou, illustrés notamment par la colère et la jalousie. Chaque coup de cloche vous libérera d’un Bonnou. Le kanji Jo signifie "jeter l'ancien et passer au nouveau" et Ya signifie "nuit". C'est donc la nuit parfaite pour laisser l'ancien derrière vous et commencer la nouvelle année avec de nouvelles résolutions et l'esprit clair. Au moment où vous comptez le 108ème coup, vous êtes prêt à commencer la nouvelle année en pleine forme sans que rien ne vous perturbe - en théorie.
La tradition de manger des soba (nouilles japonaises) la veille du Nouvel An serait devenue courante à l'époque d'Edo (1603-1868). Lors de la fabrication des soba, la pâte est étirée et coupée en forme longue et fine, ce qui représente, dit-on, une vie longue et saine. Il est intéressant de noter que le soba se coupe facilement par rapport à d'autres types de nouilles, il symbolise également le souhait de couper tous les malheurs de l'ancienne année afin de commencer la nouvelle année en pleine forme.
Vous avez peut-être vu une décoration verte faite de pins, de bambous et de pruniers (ume) devant les maisons et les bureaux des Japonais pendant les derniers jours de l'ancienne année et les premiers jours de la nouvelle année. Elle est appelée kadomatsu et, pendant la période allant de juste après Noël jusqu’au 7 janvier.
Elle est censée fournir un logement temporaire à la sama (divinité) Toshigami afin d'assurer une grande récolte et les bénédictions des ancêtres de la famille sur chacun dans la maison. Le pin, le bambou et le prunier symbolisent chacun la longévité, la prospérité et la solidité. Les arbres de manière générale tiennent d’ailleurs une grande place dans la culture nippone, comme en témoigne ce tee-shirt japonais, arborant un autre symbole de chance important au Japon : la grue.
Le kagami-mochi, souvent traduit par "gâteau de riz miroir", est un gâteau de riz utilisé comme décoration. Mais vous vous demandez peut-être pourquoi on l'appelle “miroir”, car il ne ressemble pas du tout à un miroir. Cependant, il y a longtemps, au Japon, les miroirs avaient une forme ronde et étaient souvent utilisés pour d'importants rituels shintoïstes. Comme on croit que les miroirs sont un lieu où résident les dieux, ces mochi (gâteaux de riz) ont la forme d'un ancien miroir rond pour célébrer la nouvelle année avec les dieux.
Au-dessus des gâteaux de riz se trouve une sorte d'orange appelée daidai (aujourd'hui remplacée par “mikan” la plupart du temps). Lorsqu'il est écrit avec différents kanjis, cela signifie "au fil des générations", ce qui représente un souhait de prospérité pour les descendants au fil des générations. Le shimekazari, ou couronne du Nouvel An, fait de ficelle, de brindilles, de bandes de papier et d'un mikan, est également un spectacle courant à l'entrée des maisons et des bureaux. Que ce soit le soir du réveillon ou le premier de l’an cette célébration de l’année qui arrive est incontournable.
Nengajo désigne un type spécial de carte postale que les Japonais envoient à leurs amis et connaissances comme forme de salutation à la fin de l'année. Cette coutume est assez semblable à la tradition des pays occidentaux d'envoyer des cartes de Noël.
Elles sont généralement livrées le 1er janvier lorsqu'elles sont postées avant une certaine date en décembre grâce à un service généreux géré par La Poste. Les Nengajo commencent généralement par une phrase standard Akemashite Omedeto Gozaimasu (Bonne année) et Kotoshi mo Yoroshiku Onegaishimasu (Merci d'avance pour votre soutien pour cette année.)
De plus, les gens ont tendance à écrire comment ils se sont portés récemment ou leurs résolutions du nouvel an avec leur photo de famille ou une illustration du signe du zodiaque chinois (la culture chinoise reste assez présente dans la culture asiatique générale) de l'année à venir. Mais les salutations de vos amis ne sont pas le seul but du nengajo. Toutes les cartes postales nengajo portent des numéros de loterie et, lorsqu'elles seront livrées, les détenteurs des numéros gagnants pourront recevoir divers prix, dont certains articles coûteux comme des billets de voyage et des appareils électroniques.
A l’instar des tenues traditionnelles remplacées par une mode nippone streetwear, à l'ère du numérique, certains jeunes remplacent l'envoi de cartes postales par des techniques plus modernes. Pour ces personnes, un nouveau service est de plus en plus populaire : le service qui permet d'envoyer et de recevoir rapidement des nengajo par courrier électronique ou par certaines applications, et même d'y joindre un clip vidéo.
Vous risquez de confondre deux mots différents mais similaires, “ganjitsu” et “gantan”. Même si vous demandez à vos amis japonais quelle est la différence, ils ne sauront peut être pas vous répondre. Alors que “ganjitsu” fait référence à l'ensemble des 24 heures du jour de l'an, “gantan” ne fait référence qu'au matin du jour de l'an. Le second kanji représente le soleil qui se lève à l'horizon... le lever du soleil.
Le ganjitsu est une journée assez chargée pour les familles japonaises. Après le petit-déjeuner (osechi ryori) avec tous les membres de la famille, ils visitent les sanctuaires et les temples et font des achats pour les ventes spéciales du Nouvel An... Mais chacune de ces traditions qui commence l’année a un sens caché, un but et une manière parfois complexe de la perpétuer dès le premier jour.
L'Osechi Ryori est composé de plats japonais traditionnels consommés au tout début de la nouvelle année. En ce jour de l’année, ils sont servis dans une belle boîte à bento à 3 ou 4 étages appelée jubako, placée au milieu de la table, et sont partagés par les familles ou les amis qui l'entourent au premier janvier pour attirer la chance.
La tradition de l'osechi aurait commencé à l'époque de Heian (794-1185), et depuis lors, chaque aliment de l'osechi représente un souhait particulier pour la nouvelle année célébrée. Par exemple, le renkon (racine de lotus) représente l'espoir d'un avenir bon et heureux sans obstacles, car on peut voir l'autre côté (l'avenir) à travers les trous sans obstacles. Le lotus est entre autre présent sur ce t-shirt japonais. Une heureuse année remplie de bonheur et de prospérité devrait donc se profiler à l’horizon de cette fête traditionnelle.
Lorsque vous mangez des Osechi Ryori, vous utiliserez un type spécial de baguettes appelé iwai-bashi, réservées aux périodes de fêtes. En général, les baguettes s'amincissent vers l'un des bouts que vous utilisez pour ramasser la nourriture, tandis que pour les iwai-bashi, les deux bouts sont pointus. Cela s'explique par le fait qu'un côté est utilisé par vous-même et que l'autre côté est censé être utilisé par une divinité japonaise.
L'Osechi Ryori est une chose qui est d'abord offerte à la divinité, qui vous permet ensuite de le partager afin que vous puissiez bénéficier d'une année fructueuse. Ainsi, même si vous pensez qu'il est efficace d'utiliser les deux côtés des baguettes japonaises pour obtenir de la nourriture dans l'assiette partagée, cela sera considéré comme un manque de respect envers la divinité.
Otoso est parfois traduit par "Nouvel An", mais lorsqu'il est écrit en kanji, il révèle un sens différent. Le dernier kanji serait le nom d'un démon qui harcelait les villageois, et le kanji du milieu signifie "tuer" ou "abattre". Maintenant, vous pouvez facilement deviner que le but de boire de l'Otoso est de chasser les mauvais esprits autour de vous et de souhaiter une longue vie sans aucune maladie. La tradition de l'Otoso, importée à l'origine de la dynastie Tang en Chine, où ce type de saké était utilisé à des fins médicinales, était pratiquée comme un rituel du nouvel an chez la noblesse Heian.
Ce n'est qu'à l'époque d'Edo qu'il est devenu une pratique courante. Lorsque vous buvez de l'Otoso, les familles partagent les trois mêmes coupes spéciales. L'ordre de consommation commence généralement par la personne la plus jeune du groupe et se termine par la plus âgée : le but est de permettre aux personnes âgées d'absorber un peu de vitalité des jeunes. Lorsque la nouvelle année commence, c’est une tradition très importante, autant que les bonnes résolutions ou les cartes de vœux.
Otoshidama fait référence à une tradition japonaise que tous les enfants attendent avec impatience chaque année. Les enfants japonais reçoivent de leurs parents, grands-parents et proches parents de petites enveloppes contenant un peu d'argent, généralement de 5 à 6 personnes.
La somme moyenne par enveloppe est de 5 000 yens, mais elle augmente généralement au fur et à mesure que les enfants grandissent. La tradition nippone est née d'une offrande de gâteaux de riz appelés Kagami Mochi à Toshigami-Sama, une divinité du Nouvel An. Ces gâteaux de riz, donnés par les parents aux enfants, étaient autrefois appelés Toshidama, et ils ont été remplacés par de petits jouets, puis par de l'argent aujourd'hui.
Hatsumode est la première visite à un sanctuaire ou à un temple pendant les premiers jours de janvier, où la famille et les proches prient ensemble pour une année chanceuse à venir. Certains des sanctuaires et temples les plus populaires organisent des festivités avec des stands qui vendent de la nourriture, des omikuji, et des porte-bonheur japonais pour souhaiter la sécurité, la prospérité des descendants, de bons résultats aux examens, l'amour et la richesse.
Lorsque vous faites une prière à l'autel, vous risquez d'être confus sur la manière dont la prière est spécifiquement conduite par les Japonais. Voici ce qu'il faut faire : tout d'abord, jetez des pièces de monnaie dans une boîte devant l'autel, faites sonner la cloche à l'aide de la corde qui y est suspendue, inclinez-vous deux fois, frappez deux fois des mains devant votre poitrine et enfin inclinez-vous encore une fois, selon le rituel nippon.
Traduit littéralement, fukubukuro signifie “sac porte-bonheur”, une tradition japonaise selon laquelle les grands magasins et les boutiques remplissent des sacs avec des restes de marchandises de l'année écoulée et les vendent à un prix très réduit. Cette tradition viendrait d'un proverbe japonais qui dit : "Il y a de la chance dans les restes (Nokorimono ni wa fuku ga aru)".
Certains magasins populaires, comme le 109 à Shibuya, ont une file d'attente incroyablement longue devant eux, des heures avant leur ouverture le jour de l'an. La valeur des articles est souvent inférieure de 50% au prix de vente. Si cela ne vous dérange pas d'attendre et que vous vous préparez à une ruée, le jour de l'An est une excellente occasion de faire des achats.
Vous l’aurez compris, les festivités traditionnelles, cérémonies, danses traditionnelles, offrandes, défilés, feux d’artifices et autres célébrations ne manquent pas au moment des fêtes de fin d’année au Japon. Si vous souhaitez vous évader au pays du soleil levant, allez y passer les fêtes sans hésiter. Les traditions festives vous embarqueront à coup sûr dans un univers féerique que vous ne soupçonnez pas. Vous pourrez danser, faire la fête, admirer un feu d’artifice, le tout dans une ambiance festive, mais aussi découvrir la manière de fêter et les vœux millénaires du Japon traditionnel.